Nouvelles

Éditions GOPE, 204 pages, 11 x 17 cm, 15.75 €, ISBN 979-10-91328-53-1

lundi 19 novembre 2018

C’est délicieusement scabreux

Article original sur Babelio



gaba54
5/5★

Je viens de terminer La poésie du requin blanc et j’ai été totalement conquis.

Quelle prose ! Quelle poésie ! le talent de narrateur de Cyril Namiech m’a fasciné ainsi que sa fantaisie complètement débridée mais toujours maîtrisée.

C’est délicieusement scabreux sans jamais être vulgaire, au contraire. Surtout, c’est toujours désopilant, même si le rire se mêle parfois aux larmes.

Ma nouvelle préférée est l’Ogre de Ban Pan Sang avec une petite fille si émouvante.

mercredi 24 octobre 2018

Cyril Namiech, la Thaïlande dans tous ses états

Les auteurs qui écrivent sur l'Asie du sud-est sont toujours bienvenus dans les colonnes du Gavroche. Notre but, faire partager au plus grand nombre le gout de cette région fascinante et surprenante.
Cyril Namiech vient de publier un recueil de nouvelles : La poésie du requin blanc et autres gauloiseries du Siam (Gope Editions). Il répond à nos questions.

C'est à Carnets d'Asie, la librairie de l'Alliance Française [de Bangkok], que vous pourrez trouver le dernier recueil de nouvelles de Cyril Namiech. Avant de courir l'acheter, Gavroche a rencontré cet auteur enraciné dans les pays du Mékong, dont les récits racontent la Thaïlande à l'envers et à l'endroit.

Article original


Vous écrivez sur la Thaïlande. D'où vient votre inspiration, vos personnages ?

Une bière Chang à la terrasse d'un troquet donnant sur une rue passante et animée, des paysans ivres d'alcool de riz rencontrés après leur dure journée de labeur dans les champs et qui parlent de sexe comme des enfants, une exposition de peinture contemporaine dans le Bangkok de la Haute Société, un rendez-vous chez un toubib thaïlandais de renommée internationale expert en massage prostatique, la fréquentation de bonzes tatoués comme des repris de justice, des rencontres accidentelles, des massages (avec ou sans happy ending), des piments, beaucoup de piments, ceux qui font se précipiter aux toilettes (pas mal, aussi, les toilettes pour trouver l'inspiration !)...

Bref, vous mélangez l'ensemble et vous pondez un recueil de nouvelles avec des personnages, farangs et thaï, tous biens réels, piochés dans la rue, les bars, les hôpitaux, les hôtels, les galeries d'art, les rizières et les temples de Thaïlande.

En fait, je n'invente rien. J'opère un tri sélectif.
Je choisis toujours des personnages décalés, hauts en couleur, ceux qu'on a coutume d'appeler les « antihéros »  mais que je considère comme des super-héros de la vie quotidienne qui, en plus de m'inspirer, me font bien marrer.



Le pays change, se transforme. Vos personnages aussi ?

La Thaïlande se transforme, c'est un fait. Les paysans vieillissent. 
Il n'y aura bientôt plus aucun paysan dans les rizières. 
On remplacera le riz par de la Vache qui rit ou des pâtes Lustucru. 
Les poissons-chats, personnages récurrents du bouquin, sont de plus en plus nombreux – au train où vont les choses, la moustache sera bientôt obligatoire dans l'ensemble du pays.

Certains de mes super-héros, touristes d'un nouveau genre, réclament l'agrandissement de la taille des toilettes dans les bars à filles pour pouvoir faire circuler leur fauteuil roulant. 
D'autres, originaires du Pays du sourire et des ladyboys, se font tendre les cordes vocales pour avoir une voix de femme.

D'autres, enfin, défenseurs d'une Thaïlande authentique, militent pour le retour des visages 100% thaï à la télévision et dans les séries à l'eau de rose.

Bien évidemment, aucun de mes personnages, thaï ou farangs, n'échappe à l'évolution contemporaine du pays et du monde alentour. Pour les Thaïlandaises, l'heure est aux gros nichons.

Pour les mâles farangs, tant que les femmes de chambre, à l'image de Dam Monkolchai, la Nafissatou Diallo de Bangkok, rêveront d'avoir un louk kreung (enfant mi-thaï, mi-occidental), ils auront toujours un certain succès auprès des Thaïlandaises, qu'elles soient femmes de chambre ou fille de député conservateur.

Le bébé mi-somtam mi-hamburger fait toujours autant rêver les filles, qu'on se le dise !



La Thaïlande est-elle un pays vraiment romanesque ?

Un pays qui fait appel aux sentiments, à l'imagination, à la rêverie, aux fantasmes... à l'amour, est forcément un pays à vocation romanesque.

Qu'on baigne dans les eaux croupies des khlongs, qu'on farfouille dans la poubelle d'une salle de bain d'hôtel de Bangkok à la recherche d'un préservatif usagé ou qu'on pianote du Beethoven avec un seul doigt dans le cul d'une fille de bar, certes, nous sommes ici à des années-lumière d'un roman de chevalerie, de cape et d'épée ou à l'eau de rose, mais nous nageons bel et bien dans le romanesque, fut-il un tantinet décalé.

Bangkok est immensément romanesque. 
Les rizières en eau du Nord de la Thaïlande sont romanesques. 
Un poisson-chat est romanesque. Oui, on trouve du romanesque partout, en Thaïlande!

dimanche 7 octobre 2018

Un véritable somtam littéraire

© Cyril Namiech


Revoilà Cyril Namiech ! On avait perdu sa trace quelque part au Nord de la Thaïlande, entre rizières en eau et jungle de Mowgli, là où il a toujours rêvé de faire pousser du saucisson sec.

Il nous revient avec un nouveau recueil de nouvelles dont le titre, long comme un train de marchandises, La poésie du requin blanc et autres gauloiseries du Siam, nous propulse dare-dare dans un univers fantasiamgorique diablement aguicheur.

Nouvelle après nouvelle, le lecteur se laisse de plein gré, et avec le sourire (parfois même avec de francs éclats de rire), embarquer à bord du fabuleux vaisseau intergonadique Thaïlande (dont l’auteur semble connaître les moindres recoins) où marivaudent poisson-chat et requin blanc, bonze tueur de fourmis et nonne à huit orteils, professeur d’arts plastiques expatrié et momie aux nichons siliconés, veuve occidentale fleurant bon la vanille et clochard autochtone métamorphosé en gogo-danseur, femme de chambre thaïlandaise rêvant d’un bébé métisse en quête du préservatif providentiel, brigadier-chef paraplégique armé d’un pistolet à urine et manchot cul-de-jatte impatient de faire le suppositoire dans le rectum d’un hippopotame nommé Vanda.

N’en jetez plus, la cour est pleine ! Amateurs de joyeusetés savamment épicées, vous serez servis ! La poésie du requin blanc et autres gauloiseries du Siam, véritable somtam littéraire, est pimenté comme il se doit. Chaud devant !

A. Milin

mardi 25 septembre 2018

La poésie du requin blanc et ...

... autres gauloiseries du Siam était en pré-vente !


© Cyril Namiech, 2018

Comme d’habitude, nous avons offert aux fans de la première heure la possibilité de pré-commander cet ouvrage à un tarif avantageux, avant sa sortie officielle (1re quinzaine d’octobre).

lundi 24 septembre 2018

C’est qui ce Cyril Namiech ?

Cyril Namiech, sept. 2018


C’est qui ce Cyril Namiech ? Un cynique, un décalé, un farceur, un obsédé du cul et de la bite, un stripteaseur des mots, un faiseur d’images ? On dit qu’en exposant l’artiste s’expose, alors pourquoi pas l’écrivain en nous livrant sa prose ? En tout cas, ce gars-là connaît son monde : la Thaïlande en premier lieu et tout ce qui y vit, y survit et meurt ;  la peinture, assurément (sûr qu’il a dû s’y frotter et s’entoiler lui-même), le football avec sa fantasmagorie et sa transversalité géographique, les coinstots bizarres où l’amour et les bahts coulent à flots sous les guirlandes de lumière. 

Mais qu’importe le flacon, après tout, pourvu qu’on ait l’ivresse. L’ivresse du rire ici, en l’occurrence. Vous savez, ce rire qui glousse ou qui sort par bouffées quand on rit au-dedans de soi ! Le rire quand l’imbécile pudeur s’éclipse pour titiller nos fantasmes, quand le sexe est prétexte à faire tomber les masques pour y découvrir des pans de l’âme. L’âme qui flirte avec l’inconscience, le délire et la souffrance. Souffrance de l’esprit plus que celle du corps. Le rire quand les situations ubuesques, délirantes, parfois grinçantes et pas si surréalistes que ça finalement, sont servies par un style épuré, rythmé, musical, poétique.

La lecture de ces nouvelles a deux entrées, celle qui nous emporte guillerets et curieux, quelques heures durant, dans les méandres d’une imagination galopante et joueuse qui ose tous les possibles ; et celle qui nous offre une peinture grand-guignolesque d’un miroir aux alouettes où l’amour, en Thaïlande comme partout ailleurs, est une illusion et une déchirure.

Cyril Namiech a pris le parti d’en rire. Et de nous donner à rire. L’amour est trop sérieux pour le prendre au sérieux. Merci à lui pour cette joyeuse escapade siamoise. 

Georges Mahembé

dimanche 23 septembre 2018

Extraits

Table des matières

1 - LA POÉSIE DU REQUIN BLANC
  • Le goût de l’amour ___________ p. 7
  • Body art ___________________ p. 11
  • La poésie du requin blanc _____  p. 25
  • Bascule avec moi ____________ p. 36
  • I wanna be loved by you ______ p. 46
  • Requin blanc vs poisson-chat __ p. 58


2 - AU PAYS DES VIVANTS
  • L’ogre de Ban Pa Sang ______ p. 89
  • Hatsuyume __________ _____ p. 105
  • Allumez le feu __ _____ _____ p. 112


3 - GAULOISERIES DU SIAM

  • Lady drink _______________ p. 135
  • Old Girl _________________ p. 157
  • Happy Ending ____________ p.176





Extraits de La poésie du requin blanc et autres gauloiseries du Siam
Nouvelles de Cyril Namiech


[…] Je suis ce qu’on appelle un prédateur sexuel. Des billets plein les poches, j’achète tout ce qui bouge – et me plaît. Bangkok est mon terrain de chasse favori. Ici, je suis connu sous le nom de White Shark (Requin Blanc). Les caissières des trois mille 7-Eleven que compte la capitale thaïlandaise ont toutes entendu parler de moi. Je suis l’homme à ébattre. Les filles se repassent le tuyau. La pharmacienne du Soï 7 m’offre chaque semaine un tube de vitamine C, des fois que je vienne à lui proposer 10 000 bahts pour la nuit – comme je l’ai fait avec sa consœur du Soï 11, une certaine Wasana. La responsable de l’agence de la Siam Commercial Bank où je convertis mes euros en bahts m’adore. Elle m’accorde le meilleur taux de change de tout Bangkok. Supawadee Wangkeaw, c’est son nom, est déjà venue trois fois dans ma chambre, par amour des activateurs de jeunesse Lancôme qu’elle se paie avec l’argent que je lui donne. J’ai aussi monté la fille d’un député rencontrée dans un magasin d’instruments de musique – elle essayait un violoncelle chinois. J’ai mis carte – bancaire – sur table. On a fini à trois dans mon lit, elle, le violoncelle chinois et moi. White Shark est irrésistible. […]

(Extrait de La poésie du requin blanc)


[…] Dans la galerie d’art, les visiteurs sentent le propre. Il y a de nombreux étrangers. Des admirateurs et des collectionneurs venus de pays lointains. Et des Thaïs issus de la haute société. Aucun ne porte de tongs ou de short de plage. Ici, c’est bon chic bon genre. Chemises Hugo Boss et pantalons Balenciaga. On s’est brossé les dents avant de venir. On affiche des sourires éclatants. On s’est aussi beaucoup parfumés. Ainsi apprêtés, il est plus facile de côtoyer l’abominable, de goûter à la putrescence et de jouir de l’infâme. Je mets les mains derrière le dos pour faire comme tout le monde. Une consigne a peut-être été donnée en ce sens pour éviter de se boucher le nez. Les peintures de Kritsana Patcharaphol empestent le macchabée. D’accord, l’expo s’intitule Mauvaises haleines. Mais de là à se délecter du parfum de la mort…
Un vieux Thaï, ex-professeur d’université, se présente à moi : « L’haleine est l’entrouvert du corps, libère-t-il en posant sa main sur mon épaule. L’air arrive tout droit du dedans où les organes se décomposent en sourdine. En prêtant une oreille attentive, on doit pouvoir entendre pourrir les viscères. Ne nous y trompons pas : la peinture de Kritsana Patcharaphol n’est pas uniquement olfactive. Elle est aussi auditive… »
Manquerait plus que les tableaux se mettent à péter ! 
« Tout le génie de Kritsana Patcharaphol, enchaîne l’ex-professeur d’université, est de pouvoir représenter cette substance impalpable qui émane du dedans et embue le dehors… »
Je me noie dans les paroles du vieil érudit. Nui, où es-tu ? J’ai besoin d’une bouée de sauvetage. Ramène tes gros nichons ! […]

(Extrait de Requin blanc vs poisson-chat)


[…] Comme tous les jeudis après-midi, tensiomètre à la main et stéthoscope au cou, je suis allé m’enquérir de la santé de père Santi. Le bonze en chef affiche une tension de 146/85, ce qui, étant donné son âge, 66 ans, est plus que parfait.
— Vous avez une tension de jeune homme, père Santi. Et toujours aussi constante.
— Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement, réplique le moine.
Le pouls du vénérable bonze est de soixante-douze pulsations par minute et sa saturation en oxygène est de 96 %. Je l’ai déclaré « apte » pour le service, ce qui, une fois encore, l’a fait sourire.
Père Santi m’a remis le journal de la veille. Il tient à ce que je m’informe des nouvelles du monde. Je lui ai dit que sa démarche n’était pas très bouddhiste, lui qui répète sans cesse qu’il faut se débarrasser de l’attachement qu’on a pour les choses. Ne faut-il pas justement se détacher du monde ?
— Le détachement est facile quand on connaît la vraie nature des choses, dit le moine. Cela ne nous empêche pas de nous intéresser au monde dans lequel nous vivons, encore faut-il auparavant s’être libéré du Moi pour n’éprouver ni tristesse ni colère.
Très bien, vénérable bonze. Alors, que dit le monde, aujourd’hui ? Ne lisant pas le thaï, je demande au religieux de me faire un résumé des nouvelles du monde. Des touristes russes sont morts dans un accident d’autocar à Phuket, des opposants au Premier ministre se sont immolés dans les rues de Bangkok, un chien a retrouvé un bébé vivant dans un sac poubelle… Assurément le monde se porte à merveille. Je n’éprouve ni tristesse ni colère. Serais-je subitement devenu sage ? Père Santi, journal à la main, me présente la photo de trois jeunes étudiantes thaïlandaises.
— S’enfoncer des tampons imbibés de vodka dans le vagin pour se saouler plus vite et plus efficacement serait la dernière pratique à la mode chez les jeunes, me dit le moine sans même un soupçon de colère, d’agacement ou de pitié dans la voix.
Le bonze en chef, s’il avait été catholique, aurait fait un signe de croix, suivi d’un « prions pour ces âmes égarées ». Il s’est contenté de dire : « Si le problème a une solution, il ne sert à rien de s’inquiéter. Mais s’il n’y a pas de solution, s’inquiéter ne changera rien. » Puis, père Santi a brièvement commenté la victoire du Real Madrid en finale de la ligue des Champions. […]

(Extrait de L’ogre de Ban Pa Sang)


[…] À l’étage, il n’y a que trois chambres occupées par des Occidentaux. Les autres hébergent des Indiens, des Arabes et des Chinois. Que les choses soient claires, le papa de mon futur enfant ne sera ni indien ni arabe, encore moins chinois. Je ne veux ni d’un bébé poilu ni d’un bébé aux yeux bridés et foncés. Je n’ai rien contre les Indiens, les Arabes et les Chinois, mais je souhaite offrir un avenir radieux à mon futur enfant. Les superstars thaïlandaises sont exclusivement eurasiennes ou amérasiennes. Je n’ai donc à ma disposition que trois hommes blancs. Le premier se prénomme Jérôme, un Français âgé de 38 ans, visiblement pilote d’avion au regard de son uniforme. Problème : ses yeux sont aussi noirs que les miens, or je rêve d’un bébé aux yeux clairs. Le second s’appelle Angus, 56 ans, originaire du Canada. Obstacle, et non des moindres, l’homme est gros. Un bébé de concours ne peut pas être gros. Dommage, Angus est un monsieur très propre. Il possède deux déodorants, change de boxer trois fois par jour et utilise des préservatifs parfumés à la fraise qu’il enroule de papier toilette après l’amour avant de les jeter dans la poubelle de la salle de bain. Le troisième, c’est Jesper, mon candidat préféré, un homme d’affaires danois âgé de 42 ans. Il est grand, à peau très blanche, et blond aux yeux vert émeraude. Il sent bon l’Ultra Mâle de Jean-Paul Gautier. Il fréquente le centre de fitness et ne prend aucun médicament si ce n’est de la vitamine C dont le tube repose sur la table de chevet. Jesper Sorensen a tout du papa idéal. Le jour J, en principe après-demain, espérons qu’il s’acoquine avec une fille pour la nuit et qu’il n’oublie pas d’enfiler – et surtout de remplir – le préservatif providentiel. Mon bébé, si tout se passe comme Maman a prévu, ton papa sera danois. Comme lui, tu seras grand et blond aux yeux clairs. D’après ce que je crois savoir, les Danois sont des hommes robustes. Ils se nourrissent de poissons et dorment dans des igloos. Et puis, cerise sur le gâteau, ils chérissent un roi, tout comme nous. Tu auras donc deux rois pour te porter chance, mon enfant. […]

(Extrait de Old Girl)


[…] Avec les aspirants bouddhas, on joue parfois au football, à trois contre trois, dans la cour du temple débarrassée des énergies négatives. Luang Pô To, qui aime voir ses bouddhas épanouis aussi bien spirituellement que physiquement, n’y voit pas d’inconvénient. Il aime la façon dont mes pieds caressent le ballon. Était-il fan de Garrincha dans une vie antérieure ? Cache-t-il un tatouage de Lionel Messi sous sa robe monastique ? Est-il lui aussi un adepte du passement de jambes ? L’art d’éliminer, de tromper et de se jouer de l’adversaire n’est pas très bouddhiste – et faire l’amour au ballon encore moins. Pourtant Luang Pô To semble apprécier mes dribbles chaloupés. Cependant, le maître des lieux nous impose de jouer pieds nus. Il dit qu’ainsi, dans un avenir plus ou moins proche, chacun d’entre nous pourra s’essayer à l’itinérance et marcher pieds nus le long des routes d’un pas léger et naturel sans éprouver la moindre douleur – devenir à mon tour le héros de ce sempiternel road-movie bouddhiste qui se joue au quotidien sur le goudron brûlant des routes de Thaïlande, je veux ! […]

(Extrait de Happy Ending)

samedi 22 septembre 2018

L’enfant terrible des lettres siamoises est de retour…


Éditions GOPE, 204 pages, 11 x 17 cm, 15.75 €, ISBN 979-10-91328-53-1


Résumé

Ici, il y a une veuve occidentale qui s’amourache d’un sans-abri thaïlandais, un expatrié professeur d’anglais et d’arts plastiques qui partage sa vie avec une momie à forte poitrine, un requin blanc nageant à contresens du sexe facile et pas cher, un ex-ambulancier encarté à la CGT et fan de Johnny Hallyday réincarné en poisson-chat, un moine bouddhiste tueur de fourmis, le zizi tout blanc d’un Farang qu’on incinère. Il y a aussi les khlongs de Bangkok, la campagne thaïlandaise, un piranha qui tombe du ciel. Il y a Bouddha, Terminator, Marc Lavoine, Creutzfeldt-Jakob et Jeanne Moreau – ce livre est plein de super-héros !



L’auteur

Cyril Namiech, auteur de Thaïlande guili-guili, a abandonné l’idée de faire pousser du saucisson sec dans les rizières du Nord de la Thaïlande. Perché sur son nuage, il soulève le couvercle du Siam et y pêche à l’épuisette : les poissons-chats abondent !

vendredi 21 septembre 2018

Prendre le parti d’en rire

La poésie du requin blanc et autres gauloiseries du Siam est le 2e livre de Cyril Namiech que nous publions. Il constitue en quelque sorte une suite à Thaïlande guili-guili dont voici une sélection d’articles parus à son sujet…


Éditions GOPE, 128 pages, 11 x 17 cm, 11. 55 €, ISBN 978-2-9535538-9-5

L’écriture de Cyril Namiech repose sur trois jambes : à gauche le rire, à droite la Thaïlande et au milieu, le sexe. Et ça marche ! Au final, c’est un moment de détente assuré, un moment qui chatouille au niveau du bas-ventre, grattouille l’hypocrisie puritaine et fait des papouilles aux sentiments amoureux.

Certes, le sexe est au centre de ses romans et de ses nouvelles. Mais il ne s’agit en rien de pornographie, ni même d’érotisme. L’auteur parle de sexe sans détour, sans pudeur, sans faux-semblant, sans discours, sans morale mais également sans vice et sans vulgarité. Le voile tombe pour laisser surgir et se réaliser les fantasmes, pour balayer les frustrations, pour faire émerger les refoulements, pour exulter la sensualité. Le sexe, comme moyen, surtout et avant tout, de mener à l’amour. L’amour idéalisé. « Nous sommes venus en Thaïlande pour trouver l’amour – avec, bien entendu, le sexe qui va avec », déclarent unanimement les passagers de l’avion parti de Bangkok.


C’est que, pour l’auteur, la Thaïlande est le lieu idéal pour y parvenir. Pays voluptueux et pudique à la fois où la douceur du climat, les sites romantiques, la mer amniotique, la nourriture épicée, la pénombre des bars mettent la libido et le cœur en éveil. Pays où les femmes sont reines. Et que l’on ne s’y trompe pas, ce sont elles qui mènent la danse de l’amour, même si le point de vue d’homme européen, généralement choisi par l’auteur, semble les placer au seul rang d’objet de désir.

C’est une écriture non pas marginale mais décalée qui a pour objectif essentiel de plaisanter et de faire rire. Non sans cynisme, d’ailleurs. Une écriture au style enlevé où les mots ont un jeu, une musique, une poésie. Les mots jouent, en effet, mais sans pudibonderie et sans tricherie ; les mots chantent, assurément, mais sans lyrisme ; les mots peignent, mais sans académisme, sans abstraction et sans surréalisme, également. On reste dans le concret, dans le vécu. Le concret du comique de situation et des jeux de l’amour. Et l’auteur qui, depuis son adolescence, passe le tiers de son temps en Asie, sait de quoi il parle.

Comme dans ses tableaux, Cyril Namiech travaille en pleine matière et avec force relief. Mais dans ses écrits, la matière est la chair : la chair libérée de ses tabous castrateurs, des préjugés et interdits qui inhibent, des affres de l’âge et des handicaps qui annihilent la capacité de séduire. La chair qui donne à chacun sa chance. La chair, avec sa fragilité et ses faiblesses aussi. La chair qui, finalement, fait triompher les sentiments.

Dans le recueil de nouvelles Thaïlande guili-guili, on suit les parcours des personnages, des antihéros, vous et moi, dans leur quête d’amour. Quête parfois pitoyable et sans espoir, mais toujours effrénée et émouvante. Celle de John, Otto, Pablo, Akim, Jacek, Philippe, Hugo, Markus, Massimo, mais celle aussi de Jam, la jolie prostituée devenue nonne ; Monique, la française retraitée qui quitte son mari pour s’affranchir et céder à la tentation ; Ploy qui prend le risque de chercher le prince charmant sur la toile. L’auteur prend le parti d’en rire pour ne pas prendre la vie trop au sérieux et pour accorder aux lecteurs des parenthèses de vie en allant à l’essentiel de nos désirs.

Par ces temps de morosité, il est bon de se laisser emporter dans le monde de Cyril Namiech, loin de l’Occident en crise, dans un pays qui fait son miel dans le sourire, la gentillesse et une crédulité rafraîchissante.

Georges Mahembé

***

© Cyril Namiech

Voilà un petit bouquin de 127 pages qu’on peut aisément ranger dans la poche arrière de son jean (ou dans son soutien-gorge) sans risque de se le faire voler, qu’on peut lire dans l’avion, le métro, à bicyclette, sur un pédalo, aux toilettes ou sur la plage.

Ici, le personnage principal est la Thaïlande, pays que l’auteur qualifie de centre du monde, de centre du plaisir, de point G de l’humanité, d’épicentre du bonheur planétaire.

Ce bouquin, que l’on pense au départ être un recueil de nouvelles, peut être abordé comme un roman. En effet, tous les personnages de la première nouvelle vont peu à peu réapparaître dans les différentes histoires que nous raconte l’auteur (on va même en retrouver certains dans la nouvelle de fin).

L'écriture est légère, fluide et efficace. L’auteur ne s’encombre pas de descriptions interminables. Et ses histoires, plus ou moins farfelues et ubuesques, nous font rire. Tout le monde en prend pour son grade : Occidentaux allant s’encanailler au Pays du sourire, retraités en mal d’exotisme, cancéreux découvrant les vertus du massage prostatique, séminariste participant à un congrès sur l’affaissement des sols argileux de Bangkok et qui se retrouve prisonnier dans une petite boutique de jeux vidéo contrefaits en compagnie d’une tueuse de zombis, quadragénaire marié et père de deux enfants qui s’en retourne en Thaïlande pour retrouver la gogo-danseuse dont il était tombé amoureux vingt ans auparavant, nonne atteinte d’herpès génitale souvenir de son sulfureux passé de prostituée, jeune fleuriste thaïlandaise à la recherche du Farang idéal sur un site de rencontres, Européen qui, à défaut d'investir dans un bar à bière, choisit de devenir clown en Thaïlande, sexagénaire française larguée par son mari et qui s'acoquine d'un moto-taxi et devient au fil du temps véritable égérie de toute une profession (égérie à forte poitrine)…

Alors, oui, on sourit, on se marre, on voyage, on s’identifie, on lit un passage à haute voix, on fait passer le bouquin à son voisin…

Cyril Namiech, 2012

La quête de l’amour et du sexe en Thaïlande vue par Cyril Namiech (dont on peut lire une interview ici) est immensément drôle – et attachante. Car on finit par s’attacher à tous ces personnages, tous ces antihéros, lesquels pourraient être chacun d’entre nous. Thaïlande guili-guili est un livre amusant, divertissant, récréatif. Ici, point de place pour la métaphysique. Et, fort heureusement, bien que l’exercice se révèle périlleux quand on aborde la thématique Thaïlande, l’auteur ne tombe jamais dans la caricature.


***



En 2012, quelque 22 millions de touristes ont foulé le sol thaïlandais. Cet ouvrage rend hommage à une partie de ces voyageurs à la recherche de l’amour « et bien entendu le sexe qui va avec » ! Au fil des nouvelles, on suit les parcours des personnages, lambda ou antihéros, qui partent au pays du Sourire dans une quête totalement ubuesque. Et l’auteur a choisi d’en rire et de nous faire rire à travers une plume parfois acerbe mais toujours emplie de tendresse. Un petit livre poilant qui tombe à point nommé en ces temps de sinistrose…

Petit Futé Mag N°43