Nouvelles

Éditions GOPE, 204 pages, 11 x 17 cm, 15.75 €, ISBN 979-10-91328-53-1

vendredi 21 septembre 2018

Prendre le parti d’en rire

La poésie du requin blanc et autres gauloiseries du Siam est le 2e livre de Cyril Namiech que nous publions. Il constitue en quelque sorte une suite à Thaïlande guili-guili dont voici une sélection d’articles parus à son sujet…


Éditions GOPE, 128 pages, 11 x 17 cm, 11. 55 €, ISBN 978-2-9535538-9-5

L’écriture de Cyril Namiech repose sur trois jambes : à gauche le rire, à droite la Thaïlande et au milieu, le sexe. Et ça marche ! Au final, c’est un moment de détente assuré, un moment qui chatouille au niveau du bas-ventre, grattouille l’hypocrisie puritaine et fait des papouilles aux sentiments amoureux.

Certes, le sexe est au centre de ses romans et de ses nouvelles. Mais il ne s’agit en rien de pornographie, ni même d’érotisme. L’auteur parle de sexe sans détour, sans pudeur, sans faux-semblant, sans discours, sans morale mais également sans vice et sans vulgarité. Le voile tombe pour laisser surgir et se réaliser les fantasmes, pour balayer les frustrations, pour faire émerger les refoulements, pour exulter la sensualité. Le sexe, comme moyen, surtout et avant tout, de mener à l’amour. L’amour idéalisé. « Nous sommes venus en Thaïlande pour trouver l’amour – avec, bien entendu, le sexe qui va avec », déclarent unanimement les passagers de l’avion parti de Bangkok.


C’est que, pour l’auteur, la Thaïlande est le lieu idéal pour y parvenir. Pays voluptueux et pudique à la fois où la douceur du climat, les sites romantiques, la mer amniotique, la nourriture épicée, la pénombre des bars mettent la libido et le cœur en éveil. Pays où les femmes sont reines. Et que l’on ne s’y trompe pas, ce sont elles qui mènent la danse de l’amour, même si le point de vue d’homme européen, généralement choisi par l’auteur, semble les placer au seul rang d’objet de désir.

C’est une écriture non pas marginale mais décalée qui a pour objectif essentiel de plaisanter et de faire rire. Non sans cynisme, d’ailleurs. Une écriture au style enlevé où les mots ont un jeu, une musique, une poésie. Les mots jouent, en effet, mais sans pudibonderie et sans tricherie ; les mots chantent, assurément, mais sans lyrisme ; les mots peignent, mais sans académisme, sans abstraction et sans surréalisme, également. On reste dans le concret, dans le vécu. Le concret du comique de situation et des jeux de l’amour. Et l’auteur qui, depuis son adolescence, passe le tiers de son temps en Asie, sait de quoi il parle.

Comme dans ses tableaux, Cyril Namiech travaille en pleine matière et avec force relief. Mais dans ses écrits, la matière est la chair : la chair libérée de ses tabous castrateurs, des préjugés et interdits qui inhibent, des affres de l’âge et des handicaps qui annihilent la capacité de séduire. La chair qui donne à chacun sa chance. La chair, avec sa fragilité et ses faiblesses aussi. La chair qui, finalement, fait triompher les sentiments.

Dans le recueil de nouvelles Thaïlande guili-guili, on suit les parcours des personnages, des antihéros, vous et moi, dans leur quête d’amour. Quête parfois pitoyable et sans espoir, mais toujours effrénée et émouvante. Celle de John, Otto, Pablo, Akim, Jacek, Philippe, Hugo, Markus, Massimo, mais celle aussi de Jam, la jolie prostituée devenue nonne ; Monique, la française retraitée qui quitte son mari pour s’affranchir et céder à la tentation ; Ploy qui prend le risque de chercher le prince charmant sur la toile. L’auteur prend le parti d’en rire pour ne pas prendre la vie trop au sérieux et pour accorder aux lecteurs des parenthèses de vie en allant à l’essentiel de nos désirs.

Par ces temps de morosité, il est bon de se laisser emporter dans le monde de Cyril Namiech, loin de l’Occident en crise, dans un pays qui fait son miel dans le sourire, la gentillesse et une crédulité rafraîchissante.

Georges Mahembé

***

© Cyril Namiech

Voilà un petit bouquin de 127 pages qu’on peut aisément ranger dans la poche arrière de son jean (ou dans son soutien-gorge) sans risque de se le faire voler, qu’on peut lire dans l’avion, le métro, à bicyclette, sur un pédalo, aux toilettes ou sur la plage.

Ici, le personnage principal est la Thaïlande, pays que l’auteur qualifie de centre du monde, de centre du plaisir, de point G de l’humanité, d’épicentre du bonheur planétaire.

Ce bouquin, que l’on pense au départ être un recueil de nouvelles, peut être abordé comme un roman. En effet, tous les personnages de la première nouvelle vont peu à peu réapparaître dans les différentes histoires que nous raconte l’auteur (on va même en retrouver certains dans la nouvelle de fin).

L'écriture est légère, fluide et efficace. L’auteur ne s’encombre pas de descriptions interminables. Et ses histoires, plus ou moins farfelues et ubuesques, nous font rire. Tout le monde en prend pour son grade : Occidentaux allant s’encanailler au Pays du sourire, retraités en mal d’exotisme, cancéreux découvrant les vertus du massage prostatique, séminariste participant à un congrès sur l’affaissement des sols argileux de Bangkok et qui se retrouve prisonnier dans une petite boutique de jeux vidéo contrefaits en compagnie d’une tueuse de zombis, quadragénaire marié et père de deux enfants qui s’en retourne en Thaïlande pour retrouver la gogo-danseuse dont il était tombé amoureux vingt ans auparavant, nonne atteinte d’herpès génitale souvenir de son sulfureux passé de prostituée, jeune fleuriste thaïlandaise à la recherche du Farang idéal sur un site de rencontres, Européen qui, à défaut d'investir dans un bar à bière, choisit de devenir clown en Thaïlande, sexagénaire française larguée par son mari et qui s'acoquine d'un moto-taxi et devient au fil du temps véritable égérie de toute une profession (égérie à forte poitrine)…

Alors, oui, on sourit, on se marre, on voyage, on s’identifie, on lit un passage à haute voix, on fait passer le bouquin à son voisin…

Cyril Namiech, 2012

La quête de l’amour et du sexe en Thaïlande vue par Cyril Namiech (dont on peut lire une interview ici) est immensément drôle – et attachante. Car on finit par s’attacher à tous ces personnages, tous ces antihéros, lesquels pourraient être chacun d’entre nous. Thaïlande guili-guili est un livre amusant, divertissant, récréatif. Ici, point de place pour la métaphysique. Et, fort heureusement, bien que l’exercice se révèle périlleux quand on aborde la thématique Thaïlande, l’auteur ne tombe jamais dans la caricature.


***



En 2012, quelque 22 millions de touristes ont foulé le sol thaïlandais. Cet ouvrage rend hommage à une partie de ces voyageurs à la recherche de l’amour « et bien entendu le sexe qui va avec » ! Au fil des nouvelles, on suit les parcours des personnages, lambda ou antihéros, qui partent au pays du Sourire dans une quête totalement ubuesque. Et l’auteur a choisi d’en rire et de nous faire rire à travers une plume parfois acerbe mais toujours emplie de tendresse. Un petit livre poilant qui tombe à point nommé en ces temps de sinistrose…

Petit Futé Mag N°43

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire